Le manga est un art qui est né au Japon et qui s’est progressivement exporté dans le reste du monde. Il existe aujourd’hui en 2024 différents types de mangas, chacun s’adressant à un lectorat précis. Il y en a pour les enfants, pour les jeunes et pour les adultes. Depuis Hokusai et ses illustrations jusqu’à Hajime Isayama et son célèbre manga l’attaque des titans, l’origine du manga a une longue et riche histoire. Nous vous invitons à tout découvrir dans cet article.
Manga : définition
En japonais, le terme manga est désigné par deux kanjis : « Man » pour divertissant et « Ga » pour dessin ou illustration. Le manga possède des codes très différents des BD franco-belges ou des comics. Le sens de lecture notamment est de la droite vers la gauche, et les couleurs des illustrations sont le noir et le blanc. Par ailleurs, il existe plusieurs types de mangas tels que :
- Le kodomo qui a pour cible les petits enfants ;
- Le shonen, un type de manga à l’endroit des adolescents et jeunes ;
- Le shojo qui traite d’histoires à l’eau de rose et qui a essentiellement un lectorat féminin ;
- Le seinen, une catégorie qui aborde des sujets matures et souvent sans manichéisme ;
- Le josei, considéré comme du seinen pour femme, etc.
Il y a également le hentai qui est uniquement réservé aux plus de 18 ans pour ses scènes très explicites.
Les origines du manga
Selon certaines sources, l’origine du manga daterait de l’époque Edo. Cependant, l’origine du manga peut également être assimilée à l’art rupestre qui lui date de plusieurs milliers d’années. En effet, la culture japonaise possédait déjà à cette époque une forme visuelle de la narration. De nombreux rouleaux d’Emakimono relatant des histoires (réelles ou fictives) datant de cette ère sont considérés comme les ancêtres de l’anime moderne.
Pour suivre les traces de l’origine du manga, il faut également se concentrer sur l’époque Edo, au cours de laquelle le pays du soleil levant a connu une multitude d’arts illustratifs. C’est à cette époque qu’appartiennent Hokusai et Hiroshige, des illustrations qui ont servi de modèles aux mangaka modernes. D’ailleurs, certaines personnes estiment que le peintre Hokusai est le premier mangaka de l’histoire. Cela peut s’expliquer par son recueil d’illustrations qu’il avait désigné par le mot « manga ». Cela remontre au début du 19e siècle.
Pour rappel, même si le peintre Hokusai a connu une grande carrière, ce n’est qu’à la toute fin de sa vie qu’il réalisa son œuvre la plus célèbre : la Grande Vague de Kanagawa.
L’influence de l’occident sur les mangas
L’origine du manga et son évolution sont intimement liées à l’influence occidentale. Les mangaka de la première heure se sont beaucoup inspirés de la culture européenne.
Le Sakoku
Entre 1650 et 1842, c’est le Sakoku (littéralement fermeture du pays), une politique isolationniste instaurée par le shogunat Tokugawa avec à sa tête Iemitsu Tokugawa. Le Japon restera coupé du monde jusqu’à la réouverture des frontières par le commodore Matthew Perry. Ainsi débute l’ère Meiji.
Pour en revenir à l’origine du manga, il faut remarquer que l’ouverture du pays et l’influence de la culture occidentale a grandement influencé les mangaka de l’époque. En effet, l’art illustratif européen était omniprésent dans la presse nippone, et ces dessins, bien que caricaturaux ne passaient pas inaperçus.
Le manga dans un Japon en guerre
La première personne à se définir comme mangaka dans l’histoire du manga est Rakuten Kitazawa. Il commence son œuvre en 1902, à travers des publications régulières dans un journal de l’époque appelé Jiji Shinpou. Le manga aura également son propre magasine de publication pour ses œuvres, et plusieurs artistes se serviront plus tard du manga comme d’un moyen pour s’exprimer.
D’ailleurs, dans l’histoire du manga, celui-ci sera instrumentalisé par le gouvernement japonais à des fins de propagande. Après la Première Guerre mondiale, le Japon accélère son industrialisation, mais le pays est également endetté. Des syndicats se forment, et le manga devient un moyen pour critiquer le gouvernement. À cette époque, le manga joue donc deux rôles : celui de divertissement pour les enfants et celui d’outil de revendication pour les adultes. C’est également pendant cette période que naissent les premiers éditeurs de mangas.
Une évolution après la Deuxième Guerre mondiale
Après la Deuxième Guerre mondiale, le pays est en pleine reconstruction, mais l’histoire du manga reprend de plus belle. C’est aussi pendant cette période qu’émerge un artiste dont le nom est systématiquement à l’origine du manga, tant il a contribué à l’évolution de cette industrie. Il s’agit du célèbre Osamu Tezuka, le créateur d’Astro Boy et de la Nouvelle Ile au trésor.
Encore aujourd’hui, toutes les générations de mangaka parlent de lui avec admiration, y compris ceux dont le succès éclipse celui de Tezuka. Ce dernier parlera d’ailleurs longuement de l’influence de la culture américaine sur son travail. Après la défaite du Japon, cette culture a été littéralement imposée aux Japonais, et cela n’a pas manqué d’influencer les artistes.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, l’anime a été massivement utilisé pour propager un esprit de nationalisme, avec des auteurs qui étaient forcés de dépeindre l’Amérique comme l’envahisseur. Après la guerre et la victoire des USA, les soldats vainqueurs ont apporté leur culture dans le pays, modifiant profondément certains codes de la culture japonaise.
À cela il faut également ajouter le traumatisme de la guerre qui a touché toute une génération d’artistes et d’enfants. La Deuxième Guerre mondiale est un événement qui aura contribué à modifier l’histoire du dessin animé japonais de bien des manières. En effet, de cette guerre sont nés de nouveaux genres. Le plus évident est le genre post apocalyptique, récurrent chez les auteurs japonais. C’est également à la guerre que l’on doit le genre Mecha qui est encore populaire aujourd’hui.
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L’âge d’or du dessin animé japonais
C’est également après la Deuxième Guerre mondiale que l’industrie du manga se structure et prend une forme proche de celle qu’elle a actuellement. Le Japon d’après-guerre est un pays dont la population grandit rapidement.
L’influence de la culture américaine
Après 1945, les naissances sont de plus en plus importantes dans le pays, et il faut de quoi divertir tous les enfants. C’est un nouveau chapitre ! Des éditions se mettent en place progressivement et choisissent de relancer l’industrie. Cependant, les premiers animes d’après-guerre sont profondément marqués par la culture américaine et cela se remarque assez vite.
Les années qui suivent marquent également la rupture entre le manga et les œuvres franco-belges. Si celles-ci demeurent pendant longtemps tournées vers un public d’enfants, les mangas eux explorent de nouveaux genres.
La naissance de nouveaux genres
Les auteurs essaient de produire des œuvres pour un lectorat vaste, allant des enfants aux adolescents en passant par les hommes adultes et les femmes au foyer. Les magazines et les éditeurs cibles surtout les lycéens qui ont les moyens de s’offrir les parutions afin d’être rentables. En revanche, si on assiste à la naissance d’auteurs de plus en plus talentueux, ce sont les éditeurs qui mènent la danse.
La concurrence entre les mangaka est rude, et il faut intéresser le public au risque de voir son œuvre annulée. Certains magazines n’hésitent pas à faire voter les lecteurs, et les œuvres qui obtiennent de mauvais scores disparaissent. Le manga connait son âge d’or avec l’apparition d’artistes talentueux tels que :
- Akira Toriyama (Dragon Ball, Dr Slump),
- Togashi (Yuyu Hakusho, Hunter x Hunter),
- Eiichiro Oda (One Piece),
- Hideaki Anno (Néon Genesis Evangelion),
- Tite Kubo (Bleach),
- Mashashi Kishimoto (Naruto).
L’anime atteindra son apogée beaucoup plus tard avec les adaptations en animes des mangas les plus populaires au Japon. Ils rencontreront eux aussi un très grand succès, surtout avec des personnages légendaires.
L’histoire du manga en France
Il est impossible d’évoquer l’origine du manga sans mentionner son introduction et son évolution en France. Si aujourd’hui la France est le deuxième plus grand consommateur de bandes dessinées japonaises, les origines de l’anime et son évolution dans le pays sont assez atypiques.
Une introduction à travers l’animation
Les Français ont découvert les œuvres nippones à travers des dessins animés. Ceux-ci étaient surtout habitués à quelques comics et aux bandes dessinées franco-belges à l’image des aventures de Tintin d’Hergé et de Thorgal de Van Hamme et Rosinski.
Il faut saluer le club Dorothée pour son travail sur les génériques et les doublages effectués sur les premiers dessins animés au cours des années 70. C’est en effet grâce à leur introduction dans les programmes de télévision que toute une génération a découvert cette industrie venue tout droit du pays du soleil levant.
Aujourd’hui, le travail du club Dorothée est critiqué par des otaku puristes. Ceux-ci estiment que l’origine du dessin animé japonais a été dénaturée, mais c’était un mal nécessaire. De plus, l’un des premiers animes apparu sur les écrans français est Dragon Ball.
La contribution d’Hayao Miyazaki
À l’époque, l’œuvre d’Akira Toriyama était vivement critiquée. En effet, certains observateurs y voyaient un programme violent et qui n’avait pas de valeurs pour les enfants qui le regardaient. Cette pensée va progressivement évoluer avec l’apparition d’œuvres plus matures et profondes telles qu’Akira de Katsuhiro Otomo.
Celui qui apportera une grande contribution à l’évolution du manga en France sera Hayao Miyazaki et ses films d’animation. À travers le studio Ghibli, c’est à lui qu’on doit notamment des titres tels que :
- Ponyo sur la falaise ;
- Le voyage de Chichiro ;
- Kiki la petite sorcière ;
- Princesse Mononoke, etc.
Plus tard, les mangas connaissent un véritable succès en France, avec la publication d’œuvres telles que One Pièce, Death Note, Naruto, Origin, etc. Il convient également de rappeler que de nombreux éditeurs se sont activement impliqués dans l’exportation des animes du pays du soleil levant, en particulier en France. Les plus connus sont Kana, Tonkam, Delcourt, Glénat, Pika, etc.
L’essor du manga français
La France contribue également à l’histoire du manga. Depuis quelques années, le manga français (manfra) connait lui aussi une évolution considérable, aussi bien en France qu’à l’étranger. La France demeure le deuxième marché de consommation de manga à travers le monde, et cela n’a pas manqué de réveiller des vocations. C’est au cours des années 2000 notamment que Romain Lemaire révolutionne les codes du « manga à la française ».
Aujourd’hui, le manga français est accepté et applaudi aussi bien par les Français que part le public japonais. De nombreux auteurs naissent chaque année et une industrie se met en place progressivement. Cependant, cela n’a pas toujours été le cas.
Des débuts difficiles
À ses débuts, le manga français a rencontré du mépris ou du manque de considération auprès de nombreux lecteurs. Certaines personnes considèrent le manga comme une œuvre essentiellement japonaise et qui ne peut être abordée par des auteurs étrangers. D’autres sont allés beaucoup plus loin en en affirmant que toute œuvre étrangère qui se considère comme un manga est systématiquement de qualité médiocre.
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De nombreux mangaka français, comme que VanRah (Mortician, Stray Dog), se sont longuement exprimés sur ce sujet. Avec les années, le public s’est de plus en plus ouvert à ces auteurs français dont le niveau s’est d’ailleurs amélioré.
Tony Valente, le mangaka français qui crève l’écran
Tony Valente est l’exemple parfait du succès du manfra, aussi bien en France qu’à l’étranger. Celui qui maitrise du bout des doigts le code des auteurs japonais est l’auteur du manga à succès Radiant. Son œuvre que certains haters pourraient considérer comme « un shonen de plus » a réussi à conquérir un lectorat très vaste. D’ailleurs, après près d’une dizaine de tomes, son manga Radiant a été adapté en anime (par des Japonais), et la saison 1 n’a fait que propulsé le manga. Aujourd’hui, Tony Valente est considéré comme une idole, même au pays du soleil levant.
Des adaptations hollywoodiennes et sur petit écran
Les traductions en plusieurs langues, autres que le japonais, ont largement contribué à hisser le manga au rang de phénomène mondial. Aujourd’hui, il existe même des créateurs de contenus de toutes les nationalités qui se spécialisent dans le manga et les animes. Par ailleurs, l’histoire du manga ne cesse d’évoluer et de s’adapter à son public, et cela se ressent puisque cette industrie se fait progressivement une place à Hollywood.
Les adaptations de manga en live-action ne datent évidemment pas d’aujourd’hui. C’est un phénomène qui existe depuis des décennies au Japon. Cependant, si ces adaptations (avec des acteurs japonais) rencontrent un grand succès au Japon, ce n’est pas nécessairement le cas à l’international.
En revanche, depuis quelques années, Hollywood et même le cinéma européen se sont emparés du manga pour en faire des adaptations. Tout le monde a encore en tête le film Dragon Ball Évolution qui fait parler de lui encore aujourd’hui. Rupert Sanders s’est également essayé au genre, avec son film Ghost in the Shell avec Scarlett Johanson dans le rôle du Major.
Gunnm, le manga de Yukito Kishiro a aussi été adapté en film sous le nom « Alita Battle Angel », pour le plus grand bonheur des fans de l’œuvre. La plupart des adaptations de manga à Hollywood ne sont pas réellement des succès du box-office, malgré toute la bonne volonté et le talent des réalisateurs. Cependant, Hollywood semble croire que le manga a encore de l’avenir au cinéma (films et séries).
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Le manga aujourd’hui : un nouveau chapitre ?
De nos jours, le manga s’est beaucoup popularisé en France. Avec la Bande-Dessinée, il atteint un chiffre d’affaires de près de 100 millions d’euros. Des volumes impressionnants de livres se vendent chaque mois. Parallèlement, le marché des scans, différents des webtoons, a vu le jour.
Précisons que le webtoon est une BD à scroller sur smartphone, caractérisée par des épisodes courts.
De nombreux sites proposent une nouvelle expérience avec un format web captivant de tous les mangas. Les abonnées de ces sites internet (pas totalement légaux) se comptent par dizaines de millions à travers le monde. Les vues (ou lecteurs) se comptent par millions. Mais le marché des scans ne représente-t-il pas une menace pour l’art du manga ? Quel sort réserve cette tendance aux maison d’édition classiques ? Ces questions méritent d’être posées.