Tendances actuelles : vers une accalmie générale
Depuis le début de l’année 2025, les prix des carburants en France suivent une tendance globale à la baisse, après une période de fluctuations en début d’année. La semaine récente confirme cette dynamique : le gazole recule de 1,39 %, tandis que les essences (SP98, SP95-E5, SP95-E10) enregistrent des baisses comprises entre 0,28 % à 0,34 %.
Les chiffres du mois d’août 2025 précisent la hiérarchie des tarifs : le SP98 reste le plus cher (1,785 €/l), suivi du SP95-E5 à 1,733 €/l, du SP95-E10 à 1,691 €/l, tandis que le gazole s’affiche à 1,618 €/l. Le GPL est plus économique (0,986 €/l), et le bioéthanol E85 demeure le plus abordable, à 0,737 €/l.
La différence entre le gazole et l’essence continue de se réduire : en août 2025, l’écart est tombé à seulement 3 à 9 centimes par litre, marquant une convergence rare entre ces deux types de carburant traditionnellement distincts.
Ce qui fait le prix à la pompe : marché, taxes, structure
La fiscalité au cœur du prix
La facture finale à la pompe se compose principalement de deux éléments : le coût du carburant (production, raffinage, transport) et les impôts — principalement la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) et la TVA à 20 %.
La TICPE elle-même inclut la composante carbone, introduite progressivement à partir de 2014, laquelle alourdit davantage les coûts pour essence et diesel. Ces taxes représentent en moyenne 60 % du prix à la pompe.
Convergence des tarifs : une logique fiscale assumée
L’écart entre le gazole et l’essence s’est fortement resserré. En août 2025, l’écart moyen est de 9 centimes, alors qu’en 2007, il dépassait 18 centimes. Cette convergence résulte notamment des réformes fiscales entamées depuis 2014 visant à aligner progressivement les taxes sur le gazole sur celles de l’essence. Depuis le 1ᵉʳ août 2025, les modulations régionales de la TICPE ont été supprimées, contribuant à uniformiser les écarts.
Alternatives carburant : attractives et structurantes
Le bioéthanol E85
Le bioéthanol E85, mêlant éthanol et 15–35 % d’essence, reste clairement le carburant le moins cher à la pompe (≈ 0,74 €/l). Il bénéficie d’une fiscalité avantageuse afin de favoriser son adoption. Toutefois, des défis subsistent, notamment liés aux dérives de production (concurrence alimentaire, dépendance aux betteraves sucrières) et aux contraintes réglementaires européennes sur les thermiques d’ici 2035.
GPL, GNV et BioGNV
Le GPL, autour de 0,99 €/l, offre également une alternative économique. Le GNV et le BioGNV (gaz naturel pour véhicules, issu de déchets organiques) gagnent du terrain. En 2022, la France comptait environ 7 000 poids lourds au GNV, avec un objectif qu’un camion sur cinq fonctionne au GNV d’ici 2028. Le BioGNV permet de réduire jusqu’à 80 % des émissions de CO₂, conjuguant atouts environnementaux et énergétiques.
Contexte géopolitique et comportements des ménages
Les prix des carburants sont particulièrement sensibles aux fluctuations internationales, qu’il s’agisse du cours du pétrole, de la géopolitique ou de la conjoncture économique mondiale. Google Trends (et plusieurs médias) révèle une flambée des recherches sur le thème des prix de l’essence en août 2025, moment d’inquiétude pour les consommateurs.
Enjeux et perspectives à moyen et long terme
Décarbonation des transports
La décarbonation des transports en France avance certes, mais selon les rapports, le rythme est insuffisant. Le secteur reste premier contributeur aux émissions de gaz à effet de serre, majoritairement via les véhicules diesel. Les stratégies incluent la réduction des kilomètres, le report modal (transports collectifs, vélo), l’efficacité énergétique, et le recours à des carburants liquides bas carbone (biocarburants, e-fuels).
Programmation pluriannuelle énergie (PPE)
La PPE 2024–2028, actualisée le 22 novembre 2023, vise une baisse drastique de la dépendance aux énergies fossiles, passant de 60 % en 2021 à 29 % en 2035, voire zéro en 2050. L’électrification, le solaire, l’éolien, le biogaz, l’hydrogène vert font partie des piliers de cette transition.
Réforme fiscale et transition juste
La TICPE et la taxe carbone doivent trouver un équilibre entre incitation à la décarbonation et protection du pouvoir d’achat. L’Europe prépare un ETS2, marché carbone pour les carburants routiers, à déployer progressivement à partir de 2027, avec un prix plafond de 45 €/t de CO₂ jusqu’en 203. Ces réformes nécessitent une approche prudente, viable et socialement équitable.
En cette fin d’été 2025, les carburants traditionnels en France voient leurs prix revenir à un niveau plus raisonnable, tandis que les alternatives comme l’E85 ou le BioGNV deviennent de plus en plus compétitives. La convergence des tarifs essence-diesel témoigne d’une fiscalité ciblée, mais parfois critiquée.
Plus encore, les enjeux sont clairement tournés vers la transition écologique : la sobriété, l’efficacité, la mobilité collective et le développement des énergies bas carbone constituent des axes stratégiques. La programmation pluriannuelle de l’énergie et les réformes fiscales futures seront déterminantes pour transformer ces intentions en réalité, sans faire peser une charge excessive sur les consommateurs.
En attendant, les automobilistes peuvent profiter d’une accalmie passagère, tout en ayant à l’esprit que la durabilité de leur pouvoir d’achat dépendra autant de la maîtrise des prix que de la transformation structurelle du modèle énergétique français.
