Ahmed est le nom d’un immense pachyderme désormais connu de tous en Côte d’Ivoire. Sa présence et son histoire sont un beau mélange entre récits mystiques et réalités environnementales. Retour sur la marquante histoire de l’imposant éléphant Ahmed et sur la manière dont sa présence a captivé et bouleversé de nombreux Ivoiriens.
Guitri : là où tout a commencé pour l’éléphant Ahmed
Ahmed apparaît pour la première fois dans la petite ville de Guitri, à 225 kilomètres d’Abidjan. Il y captive assez rapidement l’imagination collective. Disposant d’un caractère exceptionnel, l’éléphant Ahmed sera accueilli par les habitants tel une célébrité. D’ailleurs, les enfants lui attribueront un statut presque divin. D’après les récits locaux, Ahmed répondait aux demandes des enfants ; il faisait tomber des fruits et il dansait. Sa présence était considérée comme mystique et de nombreuses histoires faisaient état de sa transformation d’humain à éléphant après la rupture d’un certain canari magique.
De conflit en conflit
Cependant, la fascination et l’émerveillement des habitants pour l’éléphant Ahmed a rapidement laissé place à de la frustration. En s’aventurant hors des sentiers battus, Ahmed a causé des dégâts considérables aux plantations. En outre, non seulement il a détruit de nombreuses récoltes, mais il s’est aussi introduit dans des lieux de stockage d’alcool où il ne s’est pas privé. Face aux destructions de matériel et de produits dont Ahmed s’est rendu coupable, certains habitants ont tenté de l’éloigner par la force, n’hésitant pas à l’agresser physiquement.
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Entre hommes et pachydermes : des tensions persistantes
Les conflits et tensions entre éléphants et humains ne datent pas d’aujourd’hui. C’est d’ailleurs ce qu’expliquera Bertin Akpatou, zoologue. Pour commencer, la déforestation et l’expansion des activités humaines, dont l’agriculture intensive ou même l’orpaillage, perturbent les routes migratoires des éléphants. En outre, la Côte d’Ivoire a perdu environ 10 millions d’hectares depuis 1960 : cela a considérablement réduit les habitats naturels des éléphants et perturbé leur environnement. La situation est d’ailleurs exacerbée par les crises politiques, car le pays perd le contrôle de plusieurs zones forestières qui sont par la suite converties en plantations de cacao et d’autres cultures.
Le transfert de l’éléphant Ahmed
Face à la situation critique, les autorités ont fait transférer Ahmed dans un environnement plus sûr. En septembre 2020, avec l’aide d’un vétérinaire britannique, Ahmed a été endormi puis déplacé du zoo d’Abidjan vers la réserve naturelle du N’Zi, au nord-est de Bouaké. Le N’Zi River Lodge est une réserve qui vise à recréer des conditions favorables pour les éléphants. Afin d’encourager leur migration naturelle. Ce site favorisera la préservation des écosystèmes ivoiriens et l’établissement de corridors de transhumance entre les différents parcs nationaux.